Pascal : justice - force
Fragment 94 Justice, force
I mise en place de la problématique
A) le titre Il juxtapose deux mots, sans aucun lien (même pas « et ») : cette disjonction montre que c’est un face à face.
On peut remarquer que l’ordre des termes donne la priorité à la justice.
1) « justice » :
- le terme désigne d’abord et avant tout le système des valeurs fondamentales, ce qui s’oppose à l’injustice. En principe le droit, c’est-à-dire l’ensemble des lois, traduit cette exigence globale de justice en règles précises de société.
- Par élargissement la justice désigne aussi l’institution judiciaire qui applique le droit (le tribunal, le juge), ce qui suppose que les lois sont nécessairement justes et que le tribunal rend toujours parfaitement la justice.
2) « force » : le second terme désigne la puissance matérielle, la capacité à agir physiquement. Dans la réalité sociale la force désigne tous les moyens matériels dont dispose le pouvoir pour contraindre les citoyens (ainsi on parle aujourd’hui des forces de l’ordre pour désigner la police).
Le titre de ce fragment met en place une confrontation : celle du domaine spirituel (justice) et celle du domaine matériel (force).
B) deux types de contrainte
1) « il est juste que ce qui est juste soit suivi » : cette phrase semble une tautologie (définir un mot par lui-même comme « un sou est un sou »). En réalité Pascal montre qu’il y a une cohérence interne de la justice qui tient à deux caractéristiques :
- « il est juste » signifie que chaque homme trouve juste que… Autrement dit chaque homme a une conscience morale par laquelle il reconnaît des valeurs fondamentales.
D’ailleurs la tournure impersonnelle renforce la dimension universelle : tout le monde éprouve le besoin de justice. (On peut le montrer avec le sentiment de révolte qui nous saisit lorsque nous sommes témoins d’une grave injustice).
- « soit suivi » : la justice n’est pas