Philo

2083 mots 9 pages
I. Tous les désirs engendrent-ils de la souffrance ?

Admettre que désirer engendre nécessairement de la souffrance, c'est d'emblée considérer que le désir est un concept univoque, ce qui est rien moins que certain. Selon la doctrine épicurienne en effet, si tous les plaisirs se valent et sont insusceptibles de quantité (il n'y a pas de plaisir plus plaisant qu'un autre) ; les désirs en revanche sont qualitativement différenciés, en sorte que le sage est celui qui opère un tri parmi ses appétits. Il faut en effet, nous dit Épicure, distinguer les désirs naturels et nécessaires (boire lorsque l'on a soif, manger lorsque l'on a faim) des désirs naturels mais non nécessaires (manger des mets savoureux, profiter d'un lit confortable), et surtout des désirs non naturels et non nécessaires (vouloir la gloire, le pouvoir ou la fortune). Les premiers sont en eux-mêmes bons, parce qu'ils sont faciles à satisfaire et engendrent un plaisir sans cesse renouvelé ; les seconds sont potentiellement dangereux, parce qu'ils nous donnent des habitudes faisant dépendre notre bonheur du hasard et de la fortune (si je prends l'habitude d'une nourriture raffinée, et que les circonstances viennent à me priver de mon argent, le retour à plus de frugalité sera vécu comme une véritable douleur) ; les troisièmes enfin sont à proscrire, parce qu'ils sont en fait corrompus par l'opinion, comme la peur de la mort et la crainte des dieux. Ainsi, c'est parce qu'il craint de sombrer dans l'oubli après sa mort que le sot cherche à se faire un nom, sacrifiant les plaisirs simples du présent à une postérité hypothétique dont il ne sera par définition jamais le témoin. Car le propre des désirs non naturels et non nécessaires, c'est d'être ouverts à ce qu'il faut bien nommer la spirale de l'illimité : celui qui a soif d'honneur n'en aura jamais assez, tout comme celui qui aime l'argent en désirera toujours davantage. Quoi qu'il possède déjà, il se sentira encore malheureux, parce que celui qui veut

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