Poesie
TEXTE B - CHARLES BAUDELAIRE – Les Fleurs du mal (éd. 1861) - Le Guignon
TEXTE C - ALAIN BOSQUET (1919-1998) - Un jour après la vie (1984) - Passage d'un poète
TEXTE D - HENRI MICHAUX (1899-1985) - La nuit remue (1931) - Contre-création
TEXTE A
ALFRED DE VIGNY (1797-1863)
Journal d'un poète (1867), extraits
La perpétuelle lutte du Poète est celle qu'il livre à son idée. Si l'idée triomphe du Poète et le passionne trop, il est sa dupe et tombe dans la mise en action de cette idée et s'y perd. Si le Poète est plus fort que l'idée, il la pétrit, la forme, la met en oeuvre. Elle devient ce qu'il a voulu : un monument. (1837) Rien n'est plus rare qu'un poète écrivant en vers le fond de sa pensée la plus intime sur quelque chose. Quand on y arrive et que l'on sort de ce que la Poésie a de trop fardé, composé et compassé, on éprouve une secrète et douce satisfaction à la rencontre du vrai dans le beau. (1842) La Poésie en vers, la seule vraie dans la forme du rythme et de la rime, est un élixir des idées ; mais le choix de ces idées est difficile ; le vrai Poète, seul, a le goût assez exquis pour les frayer et séparer l'ivraie du bon grain. (1843)
TEXTE B
CHARLES BAUDELAIRE – Les Fleurs du mal (éd. 1861)
Le Guignon
Pour soulever un poids si lourd,
Sisyphe, il faudrait ton courage !
Bien qu'on ait du coeur à l'ouvrage,
L'Art est long et le Temps est court.
Loin des sépultures célèbres,
Vers un cimetière isolé,
Mon coeur, comme un tambour voilé,
Va battant des marches funèbres.
Maint joyau dort enseveli
Dans les ténèbres et l'oubli,
Bien loin des pioches et des sondes ;
Mainte fleur épanche à regret
Son parfum doux comme un secret
Dans les solitudes profondes.
TEXTE C
ALAIN BOSQUET (1919-1998)
Un jour après la vie (1984)
Passage d'un poète
Le poète est passé : un remous dans