Né à Dantzig (aujourd’hui Gdansk), il passe ses jeunes années à Hambourg. Après le suicide de son père, personne austère et malade, il suit sa mère Johanna à Weimar où, amie de Goethe*, elle deviendra une romancière renommée de son temps. Cette femme mondaine récolte d’ailleurs plus de succès littéraire qu’Arthur, dont les œuvres susciteront peu d’intérêt de son vivant. Mère et fils ne s’entendant pas pour des raisons d’héritage et de train de vie, dès 1814, ils rompront définitivement leurs relations. Ayant obtenu un poste de privatdozent à l’université de Berlin en 1820, Schopenhauer voue une haine féroce à Hegel dont il déteste la personnalité autant que la philosophie. «En effet, tout sépare ces deux philosophes. Pour Hegel, la philosophie est l’esprit de réconciliation, poussé par le besoin de se sentir chez soi dans le monde. Pour Schopenhauer, en revanche, elle est la discipline du regard désabusé, tenant à distance un monde inhospitalier» (C. Larmore, «Schopenhauer», dans M. Canto-Sperber (dir.), Dictionnaire d’éthique et de philosophie morale, p. 1357). En 1831, il quitte Berlin pour Francfort où il consacrera ses trente dernières années à l’écriture philosophique. Son chef-d’œuvre, Le monde comme volonté et comme représentation (1818), influencera des penseurs comme Nietzsche*, Burckhardt, Freud*, Jaspers et Wittgenstein. Il enchantera des écrivains comme Thomas Mann et des compositeurs comme Richard Wagner. Ses Aphorismes sur la sagesse dans la vie (1851), la seule œuvre qui lui apporta une certaine popularité durant sa vie, ne représente sa pensée que de façon approximative. Par un certain souci de plaire à ses lecteurs, il y suppose que l’on peut s’accommoder de la vie, même s’il ne faut pas en attendre beaucoup, tandis que, dans ses œuvres majeures, il estime que la vie ne vaut pas la peine d’être vécue. La mort tragique de son père, l’échec de sa vie familiale et de sa carrière universitaire ont sans doute exercé une influence sur sa conception