Proust le roman moderne
L’objectif de ce cours est de montrer le renouvellement apporté dans les 30 premières années du siècle par l’œuvre de Proust, plus précisément par son roman A la recherche du temps perdu (7 volumes, 1913-1926). On peut dire en effet qu’il y a un avant et après Proust dans le roman français. Quelle est la mesure de ce renouvellement ? A quoi Proust s’oppose-t-il ? Pourquoi est-il si important dans l’histoire littéraire ?
I. Le roman Belle Epoque
Cette appellation est anachronique évidemment, puisque, comme on l’a vu précédemment, l’expression Belle Epoque est une invention de l’après-guerre. Sous ce titre, on aimerait simplement dresser ici un état des lieux de la littérature romanesque vers 1910. Pour saisir la nouveauté proustienne, il importe en effet de voir ce qu’il a changé.
Le roman est devenu le genre dominant à cette époque ; il a remplacé la poésie au panthéon des genres. Mais le foisonnement qui en résulte peut dérouter : on parle alors de roman d’art (pour des romans très cultivés), romans féminins, romans d’amour, romans catholiques, romans de l’enfance, romans fantaisistes, etc. On s’y perd un peu… comme à toutes les époques.
Et, comme à toutes les époques ( ?), une bonne partie de la littérature d’alors est médiocre : les vrais créateurs (ceux que nous considérons aujourd’hui comme tels) sont alors difficiles à voir, ils publient peu ou dans de petites revues introuvables ; c’est le cas de Proust, de Gide, de Valéry. Et de bien d’autres.
Essayons de dessiner les grandes lignes de ce qu’on trouve en matière de roman en France vers 1910.
- Roman provincial:
On peut regrouper sous ce label (qu’on appellerait aujourd’hui régionaliste) toute une littérature « de terroir », qui se développe dans la plupart des régions françaises : par exemple en Bretagne avec Anatole Le Braz (1859-1926) ou Charles Le Goffic (1863-1932). Ces romans sont assez largement oubliés aujourd’hui, mais ont été très lus.
- Roman