Quelles réflexions essentielles peut-on faire du genre théâtral tragique si l’on tient compte de la réécriture des mythes antiques ?
Anubis dans la Machine infernale peint Œdipe et à travers lui les hommes « aveugles et ils ne s’en aperçoivent que le jour où une bonne vérité leur crève les yeux ». La résistance d’Œdipe ou plus exactement sa non clairvoyance puisque c’est de cela qu’il s’agit, est pathétique, aussi bien devant les portes de Thèbes que lors des altercations avec Tirésias. Toute la tension de la tragédie est montée sur ce ressort d’aveuglement dont la rupture au dénouement, « lumière est faite » produit le retournement de l’espoir en « sale espoir » et de la joie de vivre de l’homme sûr de lui en haine de soi : « qu’on abatte la bête immonde ». Œdipe ne sait plus que répéter : « ne me touche pas » à qui l’approche. Tirésias résume la mutation : « il a voulu être le plus heureux des hommes, maintenant il veut être le plus malheureux ». Le combat continue. Œdipe accepte l’inacceptable en acceptant la cécité physique. « Mieux valait la mort » s’étonne Créon.
Œdipe a choisi le châtiment. On pourrait dire la même chose d’Oreste dans les Mouches. Il a choisi une forme de liberté que nous jugeons paradoxale comparée à celle de l’Oreste déraciné du début de la pièce. Le personnage en quête d’une identité, plus exactement d’une mémoire collective, s’est