« Raza ou le film de la victoire »

Université de Montréal
28 septembre 2012

Premier avril 1939, la guerre civile prend fin. Une Espagne fatiguée rend les armes au colonel Francisco Franco qui sera à la tête d’un régime autoritaire et dictatorial pendant plus de 36 ans. L’homme de pouvoir annonce clairement qu’il ne se satisfera pas de vaincre, mais cherchera plutôt à convaincre. « Je veux simplement dire que je ne désire pas seulement vaincre, mais aussi convaincre. En sus : il ne m’importe aucunement –ou presque- de vaincre sans convaincre » (Fusi 1985, p.99). Le nouveau régime décuple alors les vitrines, afin de promouvoir une nouvelle façon de voir et de penser la famille, le travail, le pays, la vie. L’idéologie franquiste s’immisce brutalement sous la peau d’un peuple entier en prenant d’assaut la musique, les journaux, les films, les affiches, les livres et tout ce qui pourrait influencer de près ou de loin la pensée de gens. Commence alors la censure de tous discours contradictoires à la pensée du chef. Celle-ci attaque l’art, la politique, la presse, la vie sociale, bref la liberté d’expression.

Au cours de ce texte, nous verrons, par le biais du film Raza de José Luis Sáenz de Heredia, comment la pensée franquiste s’installe dans la tête de tout un peuple en utilisant entre autres, le cinéma. Pour ce faire, nous replacerons le film Raza dans son contexte historique en soutirant les grandes lignes du début du régime franquiste, nous verrons également ce qui fait de ce film un véritable film de propagande en y explorant les aspects idéologiques. Finalement, nous observerons comment le public a réagi face à la sortie du film et noterons l’influence de la censure franquiste sur les critiques.

Contexte historique

Dès 1896, la première projection des frères Lumière est présentée à Madrid et rapidement, on voit apparaître les premiers mouvements cinématographiques espagnols. À la fin de cette année-là, un Espagnol filme la sortie de midi à