Dans sa nouvelle « Le promontoire du songe », écrite en 1864, Hugo fait part à ses lecteurs d'une expérience incroyable à laquelle il a assisté : invité à l'Observatoire de Paris par l'astronome Arago, il eut l'occasion d'observer précisément la lune éclairée par les rayons du soleil.
Dans le premier paragraphe de ce texte, Hugo annonce que cet événement fut « merveilleux et formidable », le terme merveilleux évoquant l'intervention d'un surnaturel, et le terme formidable faisant référence à quelque chose de puissant pouvant être source de crainte.
Cette phrase est totalement représentative du texte, et est justifiée par tous ses éléments : nous montrerons ainsi que le texte peut être analysé sous cet aspect. Dans une première partie, nous verrons que cet événement laisse une impression de terrible et de force sur l'auteur ; dans une deuxième partie, nous analyserons les sentiments de crainte et de fascination ressentis par ce dernier ; et enfin, dans une troisième partie, nous nous attarderons sur l'impression de merveilleux et de surnaturel développée par Hugo.

Le texte est relaté à la première personne, et témoigne d'une expérience vécue par l'auteur. Il est donc donné à lire aux lecteurs l'impact que le phénomène céleste a put avoir sur Hugo. Ainsi, celui-ci décrit cet événement physique, extrêmement ponctuel et fugace (que Alekan, dans son recueil Des Lumières et des ombres, définirait de « climat lumière privilégié ») comme étant « formidable », soit d'une grande puissance et intensité, mais également terrible, deux sensations qu'il a entremêlé au fil du texte. Pour commencer, Hugo, assistant à ce lever de soleil inhabituel pour la première fois, est marqué par cette impression de mouvement importante, qui provient de la coexistence soudaine entre deux « forces » opposées qui entrent ponctuellement en interaction : la lumière, provenant des rayons de soleil, et l'obscurité, due à l'absence de lumière sur la face lunaire. Ces deux entités semblent se