Regulation
Introduction C'est décidément un rapport contradictoire que la théorie de la Régulation entretient avec la politique économique. A qui sait les les lire avec tant soit peu de bienveillance, il apparaît immédiatement que rien ne tente davantage les régulationnistes que de prendre part au débat de politique économique et de "proposer un projet". Pour autant, dans l'ordre de la théorie, force est de constater que l'acte inaugural de la théorie de la Régulation est précisément d'exclusion de la politique économique. De là une contradiction manifeste et les plus grandes difficultés à réintégrer la question de la politique économique dans un corpus théorique qui – c'est le moins qu'on puisse dire – n'a pas été conçu pour l'accueillir. Contradiction d'autant plus douloureuse que, d'une part, entre la profondeur de la récession du début des années quatre vingt dix et les difficultés de la transition vers un hypothétique postfordisme, le besoin de politique économique a rarement été plus impérieux, et que, d'autre part, il est difficile de s'empêcher de regretter que l'originalité des analyses de la crise proposées par la Régulation ne parvienne à déboucher sur des principes d'action spécifiques. Combler ce manque exige alors en premier lieu de prendre toute la mesure de l' «impasse» régulationniste sur la politique économique. Car celle-ci n'est rien moins que circonstancielle, encore moins l'effet d'un retard d'un programme de recherche qui aurait prévu de longue date de s'en saisir. C'est bien plutôt d'une mise à l'écart délibérée que fait l'objet la politique économique, et pour des raisons théoriques tout à fait profondes puisque s'y trouvent engagés des éléments fondamentaux de la "vision" régulationniste de la dynamique historique des économies capitalistes. Les deux premières sections de la présente contribution