Resume
Nul mieux que Rousseau n'a annoncé les temps nouveaux : c'est le seul penseur qui, à partir de la fiction de l'impossible, crée du possible. Son rêve a produit un nouveau monde. Si Jean-Jacques Rousseau a été l'objet de jugements aussi contradictoires, c'est qu'il a pris une position résolument novatrice dans tous les domaines qu'il a abordé.
En plein XVIIIe siècle, il plaide pour les droits des déshérités, il affirme que l'éducation doit commencer par le caractère et qu'elle doit tendre à former des hommes plus que des esprits. Il excelle à traquer les stratégies du désir, il proclame que la souveraineté est une et indivisible, il dénonce le théâtre-spectacle qui isole les individus, il prône le respect de la nature et il met en garde sur les dangers de la théorie du progrès.
Rien n'échappe à l'investigation de Jean-Jacques Rousseau, l'immensité de son œuvre en témoigne. Et pourtant, que d'incompréhension et de malentendus autour de l'homme et de l'œuvre ! Henri Berson disait : "Rousseau est par excellence l'homme que l'on discute sans le connaître" .
Une vocation tardive Il est des écrivains, comme Victor Hugo, dont l'oeuvre s'étend, régulièrement, tout au long de leur vie ; d'autres, tel Rimbaud, brûlent leurs cartouches créatives dans leur prime jeunesse et ne font ensuite plus rien de bon. Jean-Jacques Rousseau (1712-1778), lui, a mis longtemps avant de découvrir sa véritable vocation. Après une jeunesse instable et médiocre, il se considérait surtout comme un musicien - et son opéra-ballet Le devin du village a connu un joli succès.
C'est à 37 ans qu'il est frappé d'une illumination en lisant le sujet de concours proposé par l'Académie de Dijon : «Si le rétablissement