Un homme reste-t-il un homme lorsque d’autres le considèrent comme un anthropophage sauvage ? Comment garder sa dignité en se retrouvant parqué dans un zoo entre les fauves et les caïmans ? Je suis un vieux kanak de 75 ans vivant en Nouvelle-Calédonie au jour d’aujourd’hui. Nous sommes en 1931 ; l’Exposition coloniale de Paris va bientôt ouvrir ses portes. Pour une raison inconnue, tous les crocodiles du parc meurent subitement à quelques jours de l’inauguration officielle. Il faut trouver une solution de dernière minute pour sauver la face : le cirque Höffner de Francfort accepte de prêter ses crocodiles en échange de nous, d’autant de « Canaques » ! Ainsi, la jeune Minoé est emmenée avec une trentaine des nôtres dans un camion en partance pour l’Allemagne. Sauf qu’elle ne se doutait de ce lieu d’arrivée vu qu’ils leurs avaient dit Paris et les vacances. Mais j’avais promis au chef de mon village de veiller sur elle tout au long de notre séjour européen. Je m’échappe donc en compagnie de Badimoin. On courut affronter la pire des jungles : une grande ville occidentale. Aussi lucides que désorientés, nous avons poursuivie notre quête et notre promesse. Je n’ai toujours pas oublié ce que vous nous avez fait subir ! La fuite ponctuée de poursuite.Les coups de feu que vous nous lanciez comme si nous étions des animaux sauvages. En parlant d’animaux, vous avez peut-être oublié ce que vous avez fait de nous quand nous sommes arrivés au zoo, vous nous avait fait nous déshabiller et nous faire hurler comme des animaux. Notre histoire est aussi la votre ! Ce que vous avez fait de nous est ignoble vous devriez avoir honte ! Notre histoire est dure parce qu’elle est vraie, juste, et qu’elle ouvre une porte vers l’espoir. Ce que je dis là est un véritable hymne contre l’humiliation que vous nous avait fait subir ! La vie que nous avons vécue là bas n’est pas la vie dont nous avions rêvé avant de venir, nous rêvions à la liberté et aux vacances . Je