Samuel beckett
: « Mille » (p. 24). Le tragique que réintroduit Beckett dans le théâtre n’est plus celui de la fatalité
Quelle théâtralité ?
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Séquence 5-FR01 325 exercée par les dieux contre les héros, c’est celui de la modernité, d’un monde vide de sens, d’histoire, d’hommes, de transcendance, de profondeur psychologique, de lyrisme. Voilà largement assez pour bloquer toute connivence avec les attentes des spectateurs ou des lecteurs : mais, là est peut-être la catharsis de ce nouveau tragique : faire sentir au spectateur l’incompréhension devant la vie, l’absurde, le manque, l’attente, le vide de toute communication. En effet, le théâtre de Beckett ne présente que la suite routinière et monotone, dénuée d’action ou d’événement marquants, des faits quotidiens : l’heure du calmant, l’heure de l’histoire, etc. En outre, cet univers est un monde de l’entropie60 : « Pas d’affrontement, pas de paroxysme, mais des gens qui s’engloutissent dans le temps, dans le langage, dans la société, dans les choses»61. Et au fur et à mesure, plus de « phare », plus de « cercueils », plus de « calmant », mais toujours quelques minutes peut-être, dans un renouvellement angoissant et honni parce qu’incertain et vouant à l’irrémédiable : l’inconscience