SEQUENCE 3 : le langage poétique, entre tradition et modernité.
Les figures du démon dans l'écriture baudelairienne.
Introduction : Sed non satiata fait partie du cycle de Jeanne Duval. Le thème de la belle noire reprend une tradition du poème baroque datant du XVIIème siècle. Baudelaire a voulu en faire un poème moderne. Le titre « Sed non satiata » vient d’un poème satirique latin : « Juvénal ». Le contenu faisait allusion à la débauche d’une femme d’empereur, Messaline. Baudelaire lisait le latin couramment et c’était pour lui un moyen plus apte à décrire la passion. L’utilisation de la langue de la liturgie est provocateur. Ce titre sert à masquer le côté scabreux et trivial d’un poème. Le premier quatrain est uniquement descriptif et s’adresse à la femme. Puis il suscite son désir. Dans le premier tercet, il fait une supplication à la femme car il se sent dépossédé de lui-même. Enfin dans le deuxième tercet, il a conscience qu’il ne peut pas la satisfaire.
I.Célébration de la femme.
1.Un être supérieur et divin.
Le poème, qui débute par une apostrophe à la femme aimée, est saturé par le champ lexical de la divinité, et ce dès le vers initial « Bizarre déité ». On retrouve d’autres termes dans le poème qui renvoient à la même idée comme « élixir » (= breuvage qui possède des vertus magiques, vers 6). S’ajoute à cela de nombreuses références à la mythologie grecque et romaine : « Mégère », « Prospérine » et à la magie « obi » (vers3), « sorcière » (vers4).Tout cela crée l’impression d’un être supérieur aux Hommes et au poète.
2.Un exotisme enivrant.
Divine, la femme décrite dans ce sonnet apparaît également exotique (rappel : au XIX ème siècle, l’exotisme est magnifié) : elle est « brune » (vers1) aux « yeux noirs » (vers9) et répand une odeur de « musc et de havane » (vers 2) [musc = substance à l’odeur pénétrante provenant d’Asie + havane = tabac provenant de Cuba]. Le vers 3 renvoie aussi à l’exotisme de la femme aimée : un « obi » est un sorcier