Semiotique_des_gestes
In Nouveaux actes sémiotiques, 52, 7-28, 1997,
Jacques Cosnier en collab. avec Jocelyne Vaysse.
L'intérêt des chercheurs pour le "dialogue", la conversation, l'interaction verbale, la communication interindividuelle, l'interaction de face à face, s'est précisé depuis une dizaine d'années et alimente des disciplines diverses telles
que
l'ethnométhodologie,
la
sociolinguistique
interactionniste, l'analyse de conversation, l'interactionnisme symbolique, l'éthologie du langage...
De
tous
ces
travaux
ressortent
deux
caractères
importants
:
l'interactivité et la multicanalité.
L ' i n t e r a c t i v i t é signifie que les énoncés sont
co-produits par les
interactants : ils sont le résultat des activités conjointes de l'émetteur et du récepteur, et la multicanalité , qu'ils sont
un mélange à proportions
variables de verbal et de non verbal, ce dernier
comprenant à la fois le
vocal et le mimogestuel. Cependant, bien que les chercheurs soient unanimement d’accord pour admettre ces données de l’observation quotidienne, le statut du non verbal reste souvent marginal et mal défini.
À première vue ceci est dû à deux ordres principaux de difficultés, l’un qui correspond à un problème purement technique : travailler par exemple sur le non-verbal
gestuel
(la
" k i n é s i q u e ") nécessite
l’utilisation
d’enregistrements vidéo, certes aujourd’hui banalisés, mais cependant difficiles à pratiquer dans certaines situations, l’autre qui est lié à un problème plus théorique : celui de la définition des observables. Si les unités verbales sont faciles à définir, voire à transcrire, on en est loin, tant s’en faut, en ce qui concerne les unités gestuelles. On sait d’ailleurs depuis Pike que plusieurs approches en sont possibles, “etic” ou “emic”,
"gestétique" ou "gestémique", selon que l’on étudie ce qui bouge ou ce qui signifie ("il contracte