Sonnet 6 les regrets de du bellay
Sonnet 6 Introduction
6e sonnet du recueil Les Regrets (1558), il relève d’un 1er cycle qui se focalise sur la poésie en elle-même (1 > 25). Elle est conçue comme un « passe-temps » qui permet à l’auteur résidant à
Rome de supporter les déceptions de son séjour. Du Bellay chante la perte : au passé magnifié d’un
« je » triomphal, que les quatrains retracent, s’oppose le désappointement du présent douloureux que subit un « je » passif, comme étranger à lui-même. …afficher plus de contenu…
Le 1er vers, scandé régulièrement 2/4/ /2/4, multiplie les jeux phoniques (assonance de la voyelle [u], allitérations adoucies avec la sifflante [s]) ; il s’installe un climat poétique, donnant à voir au lecteur un paysage onirique. Ce 2nd quatrain se déploie sur 1 seule phrase, avec 3 enjambements. Il développe le tableau d’une scène, sur le mode de l’hypotypose, donnant à voir la danse des Muses, empruntée à une ode d’Horace qui célèbre le retour du printemps en mettant en scène les Nymphes et les Grâces frappant la terre en cadence.
DB pose le décor d’une scène gracieuse et bucolique, dont la vision onirique est magnifiée par la présence de la lune éclairant le tableau. La « nuit brune » rime avec les « rayons de la lune », …afficher plus de contenu…
Les Regrets opèrent un changement de registre par rapport à celle-ci : à la plainte amoureuse se substitue une plainte personnelle, dont l’expérience romaine est peut-être l’origine, mais qu’il convient d’abord d’interpréter comme une redéfinition du lyrisme. Ce sonnet offre une réflexivité selon laquelle le poète met en scène sa propre pratique, en s’interrogeant sur ses fondements. La conversion du positif en négatif engendre paradoxalement le mouvement inverse, puisque « l’impossibilité de dire se transforme en nécessité du dire poétique ». Ce dernier n’est alors plus un « passe-temps »,