Avant toute chose, il semble important, voir indispensable, de donner une définition du mot « stigmate ». Stigmate vient du latin « stigma » qui signifie « marques faites au fer » ou « marque d’infamie ». Son étymologie renvoi aux stigmates des esclaves, des recrues de l’armée romaine ou encore aux différentes marques de flagellations religieuses. Le dictionnaire Larousse donne les deux définitions suivantes : « Marque durable que laisse sur la peau une maladie, une plaie » et « Toute marque, toute trace qui révèle une dégradation ». Un stigmate, d’après Goffman, « est la situation de l’individu que quelque chose disqualifie et empêche pleinement d’être accepté par la société ». Il étend donc la vision que l’on peut avoir du stigmate au delà des significations historiques, religieuses ou médicales. Il l’étudie comme une problématique sociale. Cette généralisation du terme a été provoquée par une évolution dans la perception des disgrâces. Nous prendrons bien évidemment cette dernière définition comme base de notre réflexion.
Stigmate et identité sociale
Par habitude, nous répartissons en catégories les individus lors de nos interactions sociales quotidiennes. Grâce à ce procédé, nous savons quel type de personne il est possible d’y rencontrer. Lors d’une première rencontre avec un individu, nous élaborons mentalement ce que Goffman appelle son « identité sociale virtuelle ». En un mot, c’est l’image que nous avons de la personne de prime abord. L’« identité sociale réelle » par contre, représente la personne telle qu’elle est, avec ses propres caractéristiques. Durant toute la durée de notre interaction avec cet individu, nous pouvons percevoir d’autres signes qui nous éloignent de l’image que nous avions érigé. Si ces signes sont trop forts, nous allons déclasser l’individu et nous le percevrons « réduit ». Ce sont justement ces signes qui constituent un stigmate. Goffman identifie trois types de stigmates :
- les monstruosités du corps
- les tares du