Supplément au voyage de bougainville
Emmanuel Bouis Septembre 2010
Le navigateur français Bougainville a publié en 1771 un texte racontant son voyage autour du monde. Ce texte fut repris par le philosophe Diderot, directeur de l’entreprise de l’Encyclopédie. Il fut emprisonné pour la publication de la « Lettre sur les aveugles à l’usage de ceux qui voient », approfondissement de sa réflexion sur la vertu (d’après lui indépendante de la religion) marquée par les idées matérialistes de l’anglais Shaftesbury. Il fait passer ses idées dans "Supplément au voyage de Bougainville", publié en 1796. En quoi peut on dire que Diderot peint le tableau idéal de la société océanienne ? Cette œuvre est un essai, mais on pourrait qualifier cet extrait de monologue philosophique, à défaut de participants dans ce passage pour être un dialogue philosophique. C’est un double discours énoncé par un vieillard Tahitien, la première partie s’adressant au peuple océanien et explicitement à Bougainville et ses hommes. Cette première partie est composée d’un champ lexical de la violence et de la mort : "Pleurez", "ambitieux et méchants", "enchaîner", "égorger", "assujetir", "calamité" ou encore "funeste avenir". Le vieillard parle du sort destiné à son peuple et laisse entendre la solution à ces problèmes : "Qu’ils s’éloignent, et qu’ils vivent." en parlant des hommes de Bougainville. Autrement dit, si l’on retourne cette affirmation, on peut avoir "S’ils ne partent pas, ils mourront." Le vieillard dit que ces hommes blancs reviendront un jour, dans tout les cas leur mort est la solution d’après lui. Diderot présente ses idées dans le discours du vieillard. L’extrait, raconté à la 3e personne ressemble à un conte, ce qui le rend accessible et l’immersion facile. Le monologue du Tahitien donne un caractère authentique et incontestable au texte, faisant mieux passer les idées de Diderot que dans un texte froid et sans autre support que l’argumentation