Taylorisme est-il mort?
MODULE 1: DE TAYLOR AU NEO-TAYLORISME COGNITIF: A QUELLES CONDITIONS PEUT-ON DEPASSER LE TAYLORISME? Introduction générale Ce module 1 traite du passé ou plutôt, d’une part d’un passé qui s’accroche à nous, d’autre part d’un passé que les modes successives ont tendance à occulter. Commençons par le premier aspect. Dans le cours 1, nous reviendrons sur Taylor et le taylorisme qui ont modelé l’industrie moderne. Dans le cours 2, nous verrons les limites de la psychologie cognitive de première génération, celle qui a été inaugurée par le retentissement qu’a eu l’ouvrage de Newell & Simon (1972). Dans le cours 3, nous verrons comment ces limites ont abouti, en ce qui concerne le travail et la pratique, à un néo-taylorisme cognitif, c’est-à-dire à un dépassement du taylorisme qui se situe plus dans le vocabulaire que dans les concepts et méthodes. Dans le même mouvement, nous examinerons le second aspect: la rigueur empirique de Taylor et les innovations épistémologiques oubliées de Simon.
COURS 1: RETOUR A L’ORIGINE 1: TAYLOR (1911) Pour préciser ce que peut être une anthropologie cognitive des situations modernes et l’intégration de celle-ci à l’art de l’ingénieur, le mieux (et même le nécessaire) est de revenir à la naissance de la « science du travail », c’est-à-dire à Frederick Winslow Taylor, un ingénieur mécanicien nordaméricain. Vous avez certainement entendu parler du « taylorisme », que l’on associe de façon en partie exacte et en partie inexacte au travail à la chaîne dans l’industrie, et dont on signale périodiquement la disparition dans la presse, en même temps d’ailleurs que celle du travail lui-même. En fait, si Taylor a jeté les bases méthodologiques de l’invention de la chaîne de production, cette dernière est plutôt le fait de Henry