Texte de mme de sevigné commentair
I. Une lettre à sa fille
Le premier objectif de cette lettre est, pour Mme de Sévigné, de témoigner à sa fille toute l'inquiétude qu'elle a ressentie en apprenant son aventure sur le Rhône. Sa vive émotion et son angoisse sont exprimées par les nombreuses phrases exclamatives (« quelle lettre ! ») et par le champ lexical de la peur qui parcourt le passage : « effrayée, péril, frémir d'horreur, fait peur, frissonne, sursauts », etc.). Cette peur rétrospective traduit bien le sentiment passionné de Mme de Sévigné pour sa fille (« ma bonne »).
Les sentiments de la marquise pour son gendre sont, en revanche, bien plus négatifs. Cette lettre est ainsi l'occasion de s'indigner du comportement de M. de Grignan. Mme de Sévigné lui reproche d'avoir manqué de prudence, bien sûr, mais aussi de « tendresse » envers sa femme. Le message qu'elle lui adresse, par l'intermédiaire de sa fille, est à peine voilé : elle ne le porte pas en grande estime et ne comprend pas son comportement.
Instrument de dialogue, cette lettre est enfin une remontrance et un avertissement de la mère à sa fille. Mme de Sévigné ne se contente pas de manifester son affection ; elle a un but très précis en écrivant cette lettre : s'assurer que sa fille a bien compris la leçon et ne recommencera plus. C'est pourquoi elle s'efforce de bien rappeler, dans les moindres détails, à quelle fin tragique Mme de Grignan a échappé (« De bonne foi, n'avez-vous point été effrayée d'une mort si proche et si inévitable ? »). Sa lettre appelle une réponse et une action, comme le montrent les nombreuses phrases interrogatives.
II. Une lettre pour elle-même
Pour Mme de Sévigné, cette lettre est également un moyen d'exorciser la frayeur qu'elle a eue, de coucher sur le papier son angoisse pour tenter de l'évacuer. Douée d'une grande imagination, la marquise décrit la scène comme si elle y avait assisté elle-même : en témoignent les déictiques (« ce Rhône », « ce pont d'Avignon ») et l'emploi du