Tous les mati, s du monde
I] La discrétion dans la passion Dès les premières lignes, Pascal Quignard décrit le caractère discret de Madeleine, notamment face aux colères de son père : alors que Toinette se rebelle, « Madeleine ne se plaignait jamais. A chaque colère de son père, elle était comme un vaisseau qui chavire et qui coule inopinément : elle ne mangeait plus et se retirait dans son silence » (p. 19). Outre un caractère discret, introverti, sa silhouette fluette, sa « beauté mince », la placent dans le registre tragique. Quignard évoque des crises d' « angoisse », les surgissements de la douleur physique (p. 34 et 69). Et pourtant s'éveille en elle la passion, d'abord une passion musicale contribuant à la lier plus durablement avec son père, ensuite une passion amoureuse, avec Marin Marais, passion fatale cependant dont les prémices sont rapidement visibles suite à la rupture entre le jeune homme et son maitre.
En effet, dès le chapitre X, la beauté suave de Madeleine attise le désir sexuel de Marais lorsqu'il entraperçoit la jeune femme nue en quittant la demeure des Sainte Colombe. La fusion amoureuse est rapide, presque brutale. L'initiation à la sexualité se fait après un épisode clé de l'œuvre qu'est la rupture