Traduction
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Didier Bottineau (Université de Haute Bretagne, Rennes / CNRS, CRISCO1, Caen) - didier.bottineau@crisco.unicaen.fr
Traductologie, linguistique et cognition : les procédés de traduction comme correction des écarts typologiques entre l’anglais et le français
Introduction
Il arrive qu’un énoncé anglais puisse être traduit littéralement en français : the book is on the table, le livre est sur la table. Mais ceci constitue l’exception plutôt que la règle ; dans la plupart des cas, un minimum de reformulation s’impose. Vinay et Darbelnet (1958) ont énuméré une série de procédés de traduction essentiellement linguistiques, tantôt strictement formels (transposition, chassé-croisé), tantôt sémantiques (modulation), tantôt culturels / pragmatiques (équivalence, adaptation) pour en rendre compte. Catford (1965) parle de « correspondance formelle » lorsqu’une structure syntaxique du texte-source peut être conservée dans le texte-cible avec la même valeur sémantique et pragmatique (par exemple, ici, la combinaison sujet / verbe être ou copule / attribut), ce qui devient la traduction directe chez Vinay et Darbelnet, et « d’équivalence textuelle » s’il faut avoir recours à une structure distincte mais de fonction homologique dans la langue-cible (par exemple, on français pour traduire un passif anglais : English spoken, On parle anglais), la « traduction oblique » de la Stylistique. Dans ce dernier cas, le sens peut demeurer intact ou se trouver modifié (respectivement modulation et translation shift dans les modèles précités, avec dans chaque cas une typologie spécifique). Van Leuven-Zwart (1989) tente de modéliser le décalage en découpant le texte-source en unités de traduction au sémantisme relativement autonome (propositions, syntagmes, lexies), les transemes2, en extrayant l’unité de sens portée par eux, l’architransème, en établissant le découpage des transèmes dans le