Trotbik
À l'époque de la Grèce antique il n'était pas rare d'être condamné à mort avec comme sous entendu que le condamné s'enfuirait. Cette thèse est confortée dans le cas de Socrate par le fait qu'il y a eu plus de vote de la part des juges pour le condamner à mort que pour le déclarer coupable. Cela tient au fait que Socrate s'est abusivement moqué des juges. Les prisonniers pouvaient facilement s'échapper et s'exiler moyennant quelques pots de vins. L'ensemble du dialogue est sous tendu par une tension dramatique, Criton est le dernier rempart contre l'injustice qui va tomber sur Socrate. Socrate va chercher à le convaincre. Criton est ami de Socrate au moins dans ce sens où il lui parle franchement et n'hésite pas à tout lui dire, bien qu'il sache que Socrate aura le dernier mot.
Le premier argument de Criton est que la mort de Socrate va priver ses amis de sa présence. La mort de Socrate va causer un tort à ses amis, en particulier à Criton qui est riche et qui sera accusé de ne pas avoir voulu payer les sycophantes (dénonciateur professionnel à Athènes et dans quelques autres cités). Criton sait que Socrate est aussi fidèle que lui et il pense que si Socrate ne se sauve pas pour lui-même, peut-être se sauvera-t-il pour ses amis. Mais cet argument a une faille, énorme : en effet, il repose entièrement sur l'opinion publique (doxè : réputation) pour laquelle Socrate n'a que peu d'estime. Si Criton est mal vu par l'opinion publique, où est le problème ? Sachant que l'opinion publique se permet de juger sans avoir la pleine connaissance du problème, ce qui pour Socrate est une faute : l'ignorance du problème empêche de lui trouver une juste solution, sans connaissance des faits on ne peut juger. Le peuple juge selon l'apparence, non selon les faits, il juge selon le vraisemblable. De