Un faubourg, des banlieues, ou la déclinaison du rejet, alain faure
« un mot devient facilement une arme quand il est une injure »
Alain Faure est ingénieur d'études au département d'histoire de l'Université Paris X et s'intéresse à l'histoire sociale aux 19e et 20e siècles . Il rédige cet article qui paraîtra en 2006 dans l'ouvrage dirigé par Jean-Charles Depaule: Les mots de la stigmatisation urbaine, aux éditions Unesco-Maison des sciences de l'homme.
Dans cet article, l'auteur s'attache aux réalités ainsi qu'aux représentations auxquelles renvoient les termes « faubourg » puis « banlieue » selon différentes périodes historiques, et plus particulièrement comment, à travers eux, se décline l'exclusion sociale de populations auxquelles ils font référence.
En introduction, Alain Faure explique sa démarche par le fait qu'un mot est parfois un faux ami qui évoque des images, des mots qui lui sont abusivement associés. C'est parce qu'un tel mot a été chargé de significations le débordant qu'il est nécessaire d'opérer sa déconstruction, d'en retracer l'origine et l'histoire, afin d'apprendre quelque chose de sa dérive.
L'article s'ouvre sur l'étymologie du mot faubourg et sur l'usage qui en est fait dans des documents officiels de l'Ancien Régime, dans des documents topographiques divers ou encore dans la littérature. A l'origine, le mot faubourg désigne un espace habité hors et dans la continuité de la ville, soumis à sa législation: un espace « fors le bourg ».
Au 18ème siècle donc, « faubourg » est un terme qui renvoie généralement à une désignation topographique, mais, dans une moindre mesure, il est déjà un terme générique servant à évoquer des lieux excentrés et mal délimités où vivaient les roturiers. Il porte avec lui l'idée d'une foule, d'un grand nombre de personnes.
Cette connotation négative est mise en évidence par la démarche de Sébastien Mercier qui, en 1801, propose de nommer les habitants des faubourgs des « suburbains » de manière à leur