Un monde imparfait
Les fleurs les plus jolies que j’aie jamais vues étaient celles qui épanouissaient sur deux côtés de la rue menant chez moi. Parcellées sur un tapis de gazon vert, elles frissonnaient au vent, tout comme des ailes violets des petites fées. Un halo orange très douce autour de chaque pétale. Mais je ne pouvais pas les cueillir. Leur fragilité accompagnait leur beauté. Et je ne savais non plus comment conserver cette vue unique, dynamique et magnifique. Ainsi, à la fin du printemps, je l’ai perdue, et je l’ai perdue pour l’éternité.
L’homme passe toute la vie à chercher des êtres « parfaits ». La pomme la plus parfumée, le coeur le plus simple ou encore l’amour le plus pur... Néanmoins, On déplore toujours leur perte. On le regrette. Et on se noie dans cette mélancolie incurable. C’est comme si sur l’homme pesait une malédiction mystérieuse : ces trésors qu’on poursuit ne peuvent exister que dans le mémoire. Ils ne sont que les faits passés.
Mille et mille fois je me demande pourquoi. Pourquoi je n’arrive pas à apercevoir leur rareté avant de les manquer.
Même si je veux bien l’obtenir, je sais au fond de mon coeur : Ce que j’aime est le colier embelli par mon imagination, décoré des rêves et des fantasies exagérées. Ce colier parfait, une fois obtenu, serait perdu en même temps et perdu pour l’éternité. Puisque la réalité moins idéale, tout comme le douxième tintement des cloches pour Cendrillon, déclara la fin tragique de la magie de l’imagination.
On dit que c’est la tristesse de l’humanité. Mais pour moi, c’est aussi là où se brille la