Verlaine
Dans la perspective chrétienne de Sagesse, on peut y lire une allusion à la colombe, qui quitte l’arche de Noé pour aller chercher une terre nouvelle. Mais l’image est ici retournée de façon désespérée, car l’oiseau de mer est solitaire et blessé.
On peut préciser d’autres aspects de cette mélancolie, le manque d’amour, l’irréalité de l’idéal et la répétition.
1) Lourdeur ; solitude, absence d’amour.
La Str 1 se finit sur un déchirement, où l’amour semble impuissant, voire néfaste – et donc ambivalent :
Tout ce qui m’est cher,
D’une aile d’effroi
Mon amour le couve au ras des flots. Pourquoi, pourquoi ?
= l’amour est associé à l’effroi ; il abaisse au ras des flots.
_Au vers 6, l’image est incertaine : Cf Art poétique,
Il faut aussi que tu n’ailles point
Choisir tes mots sans quelque méprise :
On a ici quelque chose de ce genre, dans :
Mon amour le couve au ras des flots
Couve, au lieu de couvre, qui aurait été plus cohérent, mais moins significatif.
= deux actes incompatibles, voler et couver.
On peut le comprendre ainsi : le geste de couver, pour la mouette qui tente de voler, est vu, non comme une protection, mais comme une manière de retenir dans l’immobilité.
_D’où l’interrogation douloureuse : Pourquoi, pourquoi ?
C’est confirmé par les sonorités du vers 6, qui donnent une impression de lourdeur, de fermeture :
Mon amour le couve au ras des flots. Pourquoi, pourquoi ?
4 x « ou », « o » fermé, « a » grave.
_rime amer/mer/cher résume le propos une clef : l’amour (cher), associé à la mer, est amer.
_Le poème évoque aussi la solitude :
On ne sait rien des êtres aimés dans le poème. On sait juste que « mon amour les couve ». Ils semblent absents.
Unique présence d’un autre être : le pilote.
= témoin au lointain ; impuissant.
Opposition entre ces deux figures : la mouette, va partout dans l’immensité,