Vérité et filiation
« Tout le monde n’a pas la chance d’être orphelin. »
C’est par ces mots de Jules Renard dans son œuvre Poil de Carotte que l’on prend la mesure de toute la complexité du lien de filiation.
La filiation se définit comme le lien de droit qui existe entre le père ou la mère et son enfant, c’est la paternité ou la maternité.
La filiation, selon le Doyen Carbonnier, c’est avant tout le moyen technique de désigner des titulaires pour le contrôle de la progéniture, de nommer ceux qui sont les plus aptes à assurer la socialisation de l’enfant, à le pousser en avant par l’autorité parentale et l’héritage.
Et déjà, nous comprenons que la filiation est un lien hautement complexe dans lequel l’institution publique n’a qu’un rôle mineur et répressif, elle intervient par exemple pour sanctionner le comportement des parents par le retrait de l’autorité parentale.
La filiation est multiple, elle recouvre des domaines interdépendants et enchevêtrée et il faut donc s’interroger sur le point de savoir quelles sont les sources de la filiation ?
On parle, classiquement d’une filiation charnelle puisque le lien de filiation qui se noue entre l’enfant et les parents trouve sa source dans les relations amoureuses de ses parents.
Le charnel s’oppose alors aux relations non charnelles, c’est à dire à l’utilisation d’une procréation non naturelle ou à l’absence même de procréation.
Cette distinction entre charnel et non charnel se complexifie lorsque l’on évoque le phénomène contemporain de la filiation élective.
Avant tout, cette filiation est un constat sociologique mais qui ressort du paradoxe.
En effet, la parenté élective apparaît comme un phénomène antagoniste, dans le sens où à l’origine de la parenté se trouve la naissance de l’enfant.
La parenté relie donc classiquement ascendants et descendants par le sang. Et la famille intervient comme ce groupe fondé sur la réalité biologique sans qu’intervienne la volonté des personnes qui la composent.