L'apprentissage
Dans un précédent numéro de « Communication et Langages 1 », nous avions publié un premier article de Jean Foucambert, inspecteur départemental de l'Education. C'était la relation d'une expérience, menée en Bretagne, pendant trois ans, sur l'apprentissage de la lecture. Cette expérience était fondée sur une thèse de Jean Foucambert : de la constatation que la lecture est un phénomène purement visuel, il déduit que la lecture est autonome et doit s'apprendre indépendamment de l'oral. Aujourd'hui, nous publions un autre texte de Jean Foucambert, extrait de « la Manière d'être lecteur », ouvrage publié récemment2. Il ne s'agit pas, ici, d'énoncer une nouvelle fois sa théorie pédagogique, mais de préciser un point important : la distinction nécessaire et souvent négligée qui doit être faite entre apprentissage et enseignement. L'auteur démontre que le second n'est, en fait, qu'une aide du premier, un appui que le maître apporte à l'enfant.
L'enseignement gêne l'apprentissage C. Rogers1.
L'usage s'est répandu d'employer presque avec une valeur de synonymes les mots « apprentissage » et « enseignement » ; cet usage provient peut-être de la double construction du verbe apprendre (apprendre quelque chose et apprendre à quelqu'un) à laquelle ne correspond qu'un seul nom (apprentissage). L'anglais pour sa part distingue la part du maître (teaching) de la part de l'élève (learning). Cette distinction est rarement faite en France et l'on entend couramment des maîtres parler de la méthode d'apprentissage de la lecture qu'ils utilisent alors qu'il s'agit évidemment d'une méthode d'enseignement ; de la même manière, on en vient à confondre l'enseignement que l'enfant reçoit avec l'apprentissage qu'il construit, ce qui conduit presque toujours à ne plus évaluer le niveau d'apprentissage auquel il est parvenu mais seulement la possibilité qu'il a de restituer l'enseignement auquel il a été soumis.
1. Jean Foucambert : «