L'habillement, classe sociale et mode
Nicolas Herpin Economie et statistique, Année 1986, Volume 188, Numéro 1 p. 35 - 54 Voir l'article en ligne A revenu équivalent, les divers groupes sociaux arbitrent différemment entre le nombre de vêtements qu'ils achètent et leur qualité. Les ménages d'indépendants ne se fournissent pas dans la gamme de prix la plus basse, même lorsque, comme chez les petits agriculteurs, leur dépense est faible. Ils préfèrent restreindre leur budget en limitant le nombre de leurs achats. Les chefs d'entreprise, les gros agriculteurs, les professions libérales, dont les revenus sont plus élevés, limitent eux aussi leurs achats, mais en les choisissant dans la confection de luxe. Les salariés ont une autre logique d'approvisionnement. Les ménages ouvriers achètent tous dans des gammes de prix bon marché, les plus aisés se contentant d'acquérir un plus grand nombre d'articles. Chez les autres salariés, et à partir d'un certain seuil d'achats (une trentaine par personne et par an), c'est surtout le prix qui fait augmenter le budget vestimentaire. Ces types d'approvisionnement renvoient à deux comportements opposés, qui peuvent cependant coexister au sein du même groupe social. Ce sont deux tendances de la mode. Dans la première, le renouvellement de la garde-robe est rapide, l'habit doit être « à la mode », quelles que soient sa durabilité et sa commodité. Les cadres et ingénieurs d'entreprise, citadins de grandes villes, sont sujets, plus que toute autre catégorie à ces « folies » vestimentaires, que les sociologues nomment aussi « toquade ». À l'autre extrême, les habits achetés sont avant tout solides, durables, adaptés à la fonction. Cet approvisionnement « classique » trouve son idéal-type chez les notables des petites villes.
Avertissement
L'éditeur du site « PERSEE » – le Ministère de la jeunesse, de l'éducation nationale et de la recherche, Direction de l'enseignement supérieur, Sous-direction des