La compagnie des animaux est, depuis les origines, à la source d'attitudes diverses où s'accusent les caractères essentiels de l'humain. Par ses dispositions à l'égard de l'animal, l'homme a manifesté en effet tout autant sa prétention à incarner une nature supérieure que sa reconnaissance d'une ambiguïté de ce statut : la domestication a pu révéler les formes les plus achevées de son impérialisme sur la nature, mais ses excès mêmes ont fait douter de sa légitimité. Réfléchir sur les rapports de l'animal et de l'homme, c'est donc bel et bien réfléchir sur l'homme lui-même. On notera toutefois qu'au lieu de nous amener à s'interroger sur "L'homme et l'animal", notre programme préfère inverser les termes de la proposition. Détail ? Nullement : c'est du côté de l'animal qu'il conviendra aussi d'examiner ces rapports, en partant davantage du patrimoine naturel que nous partageons avec lui et en examinant de préférence comment "nos frères farouches" contribuent à la structure de notre psychisme. Ce patrimoine dont l'homme s'arroge un peu vite la meilleure part, les définitions des dictionnaires en donnent une première idée, en rappelant que le terme "animal" inclut l'humain, comme La Fontaine nous en avertit dans son discours à M. de La Rochefoucauld : [...] la nature / A mis dans chaque créature / Quelque grain d'une masse où puisent les esprits : / J'entends les esprits corps, et pétris de matière (Fables, livre