L'identité personnelle entre locke et leibniz
Le problème de l'identité personnelle ne compte pas parmi les principaux problèmes de la métaphysique leibnizienne, mais pourtant la réflexion que Leibniz a été amené à faire sur cette question à l'occasion de l'Essai sur l'entendement humain de Locke montre qu'il n'a pas échappé à Leibniz qu'étaient impliquées dans ce qui peut sembler être un pur jeu de l'esprit des considérations de la plus grande importance sur l'idée de personne humaine et sur ce qui en fait la caractéristique principale. Relativement à l'identité d'une chose on peut se demander pourquoi l'on juge qu'elle est la même qu'une autre chose avec laquelle elle ne diffère que numériquement (comme dans l'exemple des deux gouttes d'eau), mais on peut se demander aussi si, par suite des changements qui l'affectent dans le temps, cette chose est bien une seule et même chose. Dans le premier cas, l'identité entre deux individus est établie par la considération de leur espèce, il s'agit alors d'une identité spécifique, alors que dans le second l'identité est réelle en ce qu'elle porte sur la matière ou l'organisation d'une chose. Mais concernant un homme il s'ajoute à cette identité réelle une identité personnelle, qui consiste dans la conscience qu'il a d'être et de demeurer d'un bout à l'autre de sa vie la même personne. Cette conscience est-elle suffisante à fonder l'identité du soi ou de la personne morale, ou faut-il en plus de ce témoignage des raisons tirées de la nature des choses? Leibniz va pouvoir apporter à la question de Locke les justifications métaphysiques que la doctrine de la connaissance élaborée dans l'Essai sur l'entendement humain empêche de produire. Leibniz parvient alors à transformer une thèse en partie négative (l'idée de personne désigne une chose pensante dont la nature demeure inconnue) en une thèse positive: l'identité personnelle est seulement un aspect, pas toujours suffisant, de l'identité réelle éclairée par le