L apprenti
Le statut d'apprenti est le plus enviable de la maçonnerie parce qu'il est celui de la découverte. L'apprenti n'est pas muet pour tout le monde, il l'est pour les autres mais il ne l'est pas pour lui-même. Tout l'interroge dans ce qu'il voit et entend et l'apprenti n'en finit pas de commenter dans sa tête, de se poser des questions, d'être d'accord ou pas d'accord.
Apprendre à écouter n'est pas une mince affaire car il s'agit en fait d'un dialogue à trois : l'autre, moi en tant qu'écoutant, moi en tant que commentant. C'est déjà un beau désordre dans la tête ! Ensuite il faut apprendre à ne pas réagir mais à réfléchir. En loge on entend de bien belles bêtises parfois, ou ce que l'on assimile à des bêtises, et il faut laisser la bêtise se dérouler tout son long, ne pas l'interrompre alors qu'on est tenté de le faire.
C'est un apprentissage décisif parce qu'il est indispensable dans la suite de la vie maçonnique : il est interdit de réagir, de huer ou d'applaudir, d'interrompre. Mais on a le droit de rigoler, quand même l'apprenti participe pleinement à la vie de la loge. Cette année d'apprentissage n'est pas une année d'isolement : il apprend aussi à connaitre les autres membres, à se choisir des affinités. Les apprentis sont "encadrés" par un officier de la loge que l'on nomme "deuxième surveillant". Rien de bien terrible, c'est seulement un référent qui va expliquer, répondre aux questions des apprentis, provoquer le débat entre eux sur certains sujets. Il y a aussi les agapes, après la tenue : ici les apprentis causent librement (sauf dans certaines loges où les agapes sont ritualisées, mais c'est chiant !) sur n'importe quel sujet. Et il y a des réunions périodiques chez l'un ou chez l'autre, entre apprentis avec le deuxième surveillant. Et puis on se téléphone, on bouffe ensemble, tiens tu travailles à deux pas de chez moi, allons boire un coup de soir, etc.
La planche de l'apprenti, c'est