l'externalisation
DÉLOCALISATIONS
ET EXTERNALISATIONS GAGNENT
LA FINANCE EUROPÉENNE
GEORGES PUJALS *
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L
e sujet des délocalisations s’est une nouvelle fois imposé dans le débat présidentiel récent comme l’une des principales préoccupations des Français. Il est par ailleurs fort probable qu’il soit également au cœur de l’élection présidentielle américaine de 2008. Cela reflète l’inquiétude des Occidentaux face à la montée inexorable du phénomène de délocalisation, sorte de point emblématique des effets négatifs de la mondialisation. Nous y reviendrons, mais soulignons dès à présent que les termes « délocalisation » et
« externalisation » sont souvent utilisés, à tort, de façon interchangeable dans le débat actuel. Or, il s’agit de deux stratégies distinctes, aux logiques complémentaires, qui s’inscrivent dans une tendance plus profonde d’importantes mutations des modes organisationnels des firmes en réponse à de nouveaux défis.
Après avoir initialement touché les activités industrielles, il y a environ une trentaine d’années, ces phénomènes prennent aujourd’hui une dimension nouvelle au fur et à mesure qu’ils affectent des activités à plus forte valeur ajoutée dans les services. Même si ces phénomènes ne sont pas nouveaux, délocalisations et externalisations se sont intensifiées
* Économiste associé au département des études de l’OFCE. Analyste M&A auprès de Bureau van Dijk
(France).
PUJALS
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11/10/07, 15:34
REVUE D'ÉCONOMIE FINANCIÈRE
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à la fin de la décennie 90 à la faveur de la libéralisation du commerce international, d’une intensification de la concurrence, liée en partie à la mondialisation, et de la révolution technologique dans le secteur des nouvelles technologies de l’information et de la communication
(NTIC).
En raison du manque de données sur l’ampleur des phénomènes étudiés, les économistes se trouvent souvent confrontés à une impasse dès lors