L’ethnocentrisme
Cette attitude individuelle est de tout temps et Lévi- Strauss souligne qu’elle a eu des traductions historiques dramatiques :
Pour l’antiquité grecque, tout ce qui n’est pas grec est barbare
Des siècles plus tard, tout ce qui n’était pas européen est sauvage et donc, dans la mesure du possible, à civiliser…Lévi-Strauss revient sur ces termes de « barbare » et « sauvage » et rappelle comme ils sont lourds de connotations péjoratives. Dans l’oreille d’un Grec « barbare » évoquait le chant inarticulé des oiseaux (caquetage et croassement). En latin, le radical « silva » dans « sauvage » - de la forêt- renvoie clairement à un genre de vie animal, contraire aux valeurs de la civilisation. L’ethnocentrisme est un préjugé qui consiste à rejeter hors de la culture, dans la nature, tout ce qui est étranger à une culture privilégiée.
"Little big man" (1968), film d'Arthur PennLévi-Strauss remarque ainsi que l’idée de nature humaine englobant sans distinction d’apparence physique ou de civilisation toutes les formes de l’espèce humaine est d’apparition tardive dans l’Histoire, d’expansion toujours limitée ; c’ est surtout une idée dont l’influence est sujette à des régressions périodiques lors des poussées de fièvre raciste. C’est donc une idée fragile, une idée à défendre d’où ce petit texte qu’il rédige pour l’Unesco en 1952.
Dans le chapitre consacré à l’ethnocentrisme, C. Lévi- Strauss tient à souligner qu’il n’y a rien qui marque plus l’inculture d’un homme que d’en qualifier un autre de « barbare », Tout homme est homme dans la culture puisque sans le contact des autres, il n’aurait développé aucune des facultés