Plusieurs auteurs ont soutenu l’idée d’un développement qui s’enclencherait naturellement, dans lequel se succèderaient, de manière inéluctable, différentes étapes de plus en plus élaborées. Cependant, l’expérience historique a bien montré que le développement a besoin de bien plus que d’une seule « main invisible » pour se mettre sur la voie. Pour tenter d’avoir une réponse à ces interrogations, il faut très bien reconnaître de prime abord que les définitions et les méthodes prônées par le libéralisme – dans sa conception traditionnelle – se sont avérées bien décevantes sinon nocives au développement. Toutefois, si l’on considère le libéralisme sous un nouveau jour et tenant compte des évolutions qu’il a connues, il n’est pas impossible de considérer qu’il porte une certaine conception du développement et que les stratégies d’inspiration libérale rénovée sont peut-être les seules qui aient démontré une véritable efficacité. * La réflexion libérale semble bien pauvre en idées relatives au développement. Si celles-ci sont présentes, elles en donnent une définition très restrictive et proposent des stratégies au mieux trop limitées, au pire, niant complètement la spécificité du développement. Il est légitime de considérer qu’il n’y a pas de réelle référence en termes de développement chez les pères fondateurs du libéralisme économique. Il n’est pas nommé comme tel. Chez Adam Smith, la « Richesse des nations » provient de la division du travail au sein de l’entreprise tout d’abord, mais aussi au niveau international, et de l’ancrage au commerce international en fonction des avantages absolus de chaque économie. C’est là l’idée du « doux commerce », qui « adoucit les mœurs », qui élimine les raisons de faire la guerre, d’où le refus de la colonisation, qui amène la prospérité mutuelle. Néanmoins, la théorie de Smith semble bien limitée à l’idée d’enrichissement que de développement, tel qu’il est conçu actuellement. Avec David Ricardo, la théorie