Alimentation
Dans une synthèse concise et organisée, vous rendrez compte des cinq documents suivants qui posent le problème des goûts et habitudes en matière de nourriture. Puis, dans une brève conclusion, vous exprimerez un avis personnel.
Documents joints :
❑ Document 1 : Roland Barthes, « Le bifteck et les frites », Mythologies, Éditions du Seuil, coll. « Points », 1951. ❑ Document 2 : Pierre Bourdieu, La Distinction, Éditions de Minuit, 1979. ❑ Document 3 : J. Trémolière, Nutrition humaine, Encyclopédie de la Pléiade, 1969. ❑ Document 4 : « Les goûts alimentaires : individuels ou sociaux ? », Bulletin d'information du ministère de l’Agriculture, octobre 1985. ❑ Document 5 : « Dévorez, c'est léger ! » Publicité Findus.
|DOCUMENT 1 |Le bifteck et les frites |
Le bifteck participe à la même mythologie sanguine que le vin. C'est le cœur de la viande, c'est la viande à l'état pur, et quiconque en prend, s'assimile la force taurine. De toute évidence, le prestige du bifteck tient à sa quasi-crudité : le sang y est visible, naturel, dense, compact et sécable à la fois ; on imagine bien l'ambroisie antique sous cette espèce de matière lourde qui diminue sous la dent de façon à bien faire sentir dans le même temps sa force d'origine et sa plasticité à s’épancher dans le sang même de l'homme. Le sanguin est la raison d'être du bifteck : les degrés de sa cuisson sont exprimés, non pas en unités caloriques, mais en images de sang; le bifteck est saignant (rappelant alors le flot artériel de l'animal égorgé), ou bleu (c'est le sang lourd, le sang pléthorique des veines qui est ici suggéré par le violine, état superlatif du rouge). La cuisson, même modérée, ne peut s'exprimer franchement; à cet état contre nature, il faut un euphémisme : on dit que le bifteck est à point, ce qui est à vrai