Alkane
Spontanément, nous avons l’impression de penser librement. En effet, si nos gestes, nos déplacements, nos actions, peuvent être empêchées par divers obstacles, par la force, par des lois ou par des règles. On peut encore contrôler et diriger nos dits et écrits. Mais nos pensées, elles, semblent entièrement libres. Pourtant, peut-être qu’au-delà de ces contraintes physiques qui ne sauraient convenir à la pensée, il existe d’autres types de contraintes à la liberté de la pensée : l’endoctrinement, la manipulation, l’éducation même sont autant de marques de l’influence d’autrui sur nos pensées. Est-il donc si facile de penser librement ? N’est-ce pas toujours prendre un risque ? Quels sont au juste ces obstacles qui nous empêchent de penser librement, puisqu’ils ne sont pas de nature physique, et comment les surmonter ? En somme, toute la question consiste à se demander ce qu'est une pensée libre, et s’il est vraiment facile de la soutenir.
Mais cette impression vient peut-être plutôt du fait que l'aliénation de la pensée est difficile à percevoir. A. Spinoza, dans sa célèbre Lettre à Schuller nous explique que la liberté est une illusion, et rend compte du processus de cette illusion par une comparaison : celle de l'homme avec une pierre. Imaginons une pierre qui roule parce qu'on lui a donné un coup de pied. Si, tout en roulant, la pierre prenait conscience du fait qu'elle roule, elle en déduirait que, si elle roule et si elle sait qu'elle roule, c'est parce qu'elle a choisis de rouler. Peut-être en est-il de même de la pensée : sous prétexte que nous savons que nous pensons et que tout ce que nous croyons, nous sommes conscients de le croire, nous nous imaginons que