Analyse du vaisseau d'or
Annexe :
C'était un grand Vaisseau taillé dans l'or massif:
Ses mâts touchaient l'azur, sur des mers inconnues;
La Cyprine d'amour, cheveux épars, chairs nues,
S'étalait à sa proue, au soleil excessif.
Mais il vint une nuit frapper le grand écueil
Dans l'Océan trompeur où chantait la Sirène,
Et le naufrage horrible inclina sa carène
Aux profondeurs du Gouffre, immuable cercueil.
Ce fut un Vaisseau d'Or, dont les flancs diaphanes
Révélaient des trésors que les marins profanes,
Dégoùt, Haine et Névrose, entre eux ont disputés.
Que reste-t-il de lui dans la tempête brève ?
Qu'est devenu mon coeur, navire déserté?
Hélas! Il a sombré dans l'abîme du Rêve!
Contextualisation et localisation
Le fragment analysé se trouve à la page 88 de l’anthologie La poésie québécoise : Des origines à nos jours. Ce sonnet est un des œuvres rédigés par Émile Nelligan. La narration met en scène un vaisseau massif en or qui traverse des mers inconnues. Ceci évoque l’idée de l’aventure et la découverte d’espaces inexplorés. Le navire heurte un écueil et coule au fond du gouffre. En réalité le vaisseau d’or n’est qu’un symbole, il représente le cœur du poète qui sombre dans l’abîme du rêve. Autrement dit c’est le naufrage de la lucidité de l’auteur. Le vaisseau d’or représente l’incertitude et le délire d’Émile Nelligan, la saisie symbolique de son destin.
Structure du texte
Le segment est un sonnet divisé en deux quatrains et deux tercets. Il est composé de six phrases, une phrase pour les deux quatrains et le premier tercet et ensuite trois phrases pour le dernier tercet. Les trois premières strophes établissent des idées et des descriptions précises, ensuite lors de la pointe le poète pose deux questions et termine avec une réalisation. Il est intéressant à noter les temps de verbes employés dans le sonnet. Le premier quatrain et le premier tercet fait principalement usage de l’imparfait, mais