Dans ce texte, Locke se demande s'il existe un seul « principe moral » valant universellement, pour tous les hommes sans exception. Y a-t-il un bien en soi, indépendant des mœurs, des cultures, des individus, et inscrit dans chaque homme ? Non selon l'auteur : il suffit d'être un minimum cultivé en histoire pour savoir qu'un acte n'est pas jugé de la même façon selon les époques : il peut être sévèrement puni à une époque donnée mais au contraire récompensé à une autre ou dans un autre lieu. Donc le bien et le mal ne sont pas des notions innées, mais acquises par l'expérience ; elles dépendent donc du contexte historique général, autant que de l'histoire personnelle de chaque individu. Il existe cependant deux valeurs qui semblent avoir été respectées peu importe les époques et par la majorité : « la justice et le respect des contrats », c'est-à-dire de la parole donnée. Donner à chacun ce qui lui revient, ne pas prendre plus que ma part, respecter mes promesses : voilà ce qui semble définir universellement une attitude morale. Mais sans prendre de références historiques nous pouvons réfuter cela : il suffit de regarder, dans notre présent, la conduite des « brigands » et autres « malfaiteurs » lorsqu'ils sont en bande. En effet,même lorsqu'ils sont allés très loin dans « l'abandon de leur humanité » en ne considérant plus les autres en tant qu'hommes, mais en les réduisant à être leurs victimes, les bandits se respectent entre eux : ils se sont jurés fidélité, ce qui leur interdit de dénoncer leurs complices si ils se font arrêter et le fait qu'ils ne parlent pas prouve qu'ils tiennent leur parole. Lorsqu'il faut répartir leur butin, ils font des parts égales ou proportionnelles au mérite de chacun : cela démontre que même eux ont encore un certain sens de la justice. Cela suffit-il à dire que la justice et le respect de la parole donnée sont des principes innés définissant universellement l'homme ? Non : si les bandits respectent de ces règles, c'est parce