ANALYSE A LA SANTE APOLLINAIRE
Séquence 2, lecture analytique n°4- « À la santé », in Alcools , Apollinaire, 1913.
Proposition d’analyse.
En septembre 1911, Guillaume Apollinaire est incarcéré à la prison de la Santé, accusé de complicité de vol d’œuvres d’art au Louvre. Il restera enfermé une semaine. Ce séjour, dont on retrouve aujourd’hui encore, de manière assez émouvante, les traces – avis de mise sous écrou, formulaire d’incarcération, etc… - sera l’occasion d’écrire un poème intitulé « À la Santé », publié dans Alcools en 1913. Être emprisonné est une expérience très forte dans la vie d’un homme. Comment Apollinaire exprime-t-il ses émotions dans ce texte ? Afin de répondre à cette question, nous tenterons d’abord de comprendre ce qui fait de ce texte un poème carcéral ; nous étudierons ensuite comment, peu à peu, le détenu Guillaume passe de l’humour au désespoir ; enfin nous verrons comment l’univers sonore de la prison est recréé dans le texte.
I- Une poésie carcérale a- Le poème est composé de six chants, tous différents sur le plan formel, et qui peuvent correspondre à une logique du quotidien : un chant (composé de plusieurs strophes) par jour de prison. b- Le vocabulaire évoque par ailleurs l’emprisonnement : la cellule (comparée à la « tombe », par un jeu de correspondances dans les v. 1 et 4 du chant 1) , la nudité (v.2) synonyme de fragilité, mais aussi d’humiliation et de dénuement ; « le quinze de la onzième »(chant 2) qui évoque l’annulation de la personnalité en prison, la promenade du chant 3, dans lequel le détenu est ici comparé à un ours dans une fosse, mais aussi les clefs que fait tinter le geôlier(chant 3), la chaise enchaînée (chant 4), enfin le « prisonnier sans horizon » et « les murs nus de ma prison » dans le chant 6, composent un univers carcéral décrit à la fois physiquement et psychologiquement. c- Le rythme de la vie en cellule et le thème du temps qui passe complètent la description de cet univers. Les