Mr P est né en France en 1963, il a 47 ans. Il est enseignant installé à Mayotte depuis 8 ans. Il est maintenant résident et voudrait rester sur place pour longtemps. Il a un enfant de 12 ans dont il ne peut plus s’occuper à cause de son état de santé actuel. Il n’a plus de contacts avec la mère. L’enfant vit à Mayotte, avec l’une de ses grand-mères.
Il est alcoolique et a été hospitalisé plusieurs fois pour cette raison. Il se présente pour un entretien d’aide avec un infirmier qui le suit depuis quelques mois. Ce rendez-vous a été pris dans l’urgence, Mr P est venu le matin et a demandé à être reçu au plus vite, il ne se sent pas bien.
Mr P. a gardé ses lunettes de soleil et sa casquette pendant presque tout l’entretien, les enlevant trois ou quatre fois pour les remettre aussitôt avec nervosité. Il a un aspect physique négligé, une barbe de plusieurs jours, des cernes, les ongles sales et le regard fouillant, souvent baissé.
Il est sorti d’hospitalisation il y a quelques jours. Il voulait rester plus de temps pour « avoir un cadre protecteur qui l’empêche de boire ». Il nous demande, nous exige presque (sous un ton de menace), de faire quelque chose pour l’hospitaliser, sinon « je sais que je me remettrai à boire et reviendrai aux urgences comme la dernière fois ».
À Mayotte il n’y a pas de structure spécialement dédiée au sevrage alcoolique ni d’association d’alcooliques anonymes pouvant le soutenir. Mr P. refuse d’aller à La Réunion où, dit-il, ses amis se sont retrouvés « hors programme car ils étaient libres de sortir du centre au bout de 15 jours et dans les environs, il ne manque pas de bars pour les faire craquer ». Mr P. refuse aussi d’aller se soigner en France où « il serait obligé d’affronter sa famille ». Il ne veut pas entendre nos raisons : La France est grande, vous pouvez allez dans une région éloignée de chez vous, etc.
En fait, aucune solution ne semble lui convenir...pour nous, il n’a pas conscience des ses difficultés et il n’est pas