Andorra est un petit pays, qui vit en véritable paix, et qui attend avec angoisse l’invasion des Casaques Noires, les redoutables soldats de la dictature du grand pays voisin. Andorra est une société parfaite, du moins c’est ce prétendent fièrement ses habitants. Tous les Andorriens sont purs et aux bonnes moeurs, les façades de leurs maisons sont blanches comme la neige, et de plus ils tolèrent même les juifs. Donc tout à fait le contraire des barbares du grand pays voisin. Un juif habite effectivement parmi eux, Andri, un jeune juif que, selon les racontars locaux, le maître d’école aurait courageusement enlevé à la barbarie du grand pays voisin. Mais aujourd’hui que l’invasion est proche, les habitants de Andorra commencent à réfléchir et à se demander s’il ne vaudrait peut-être pas mieux se débarrasser de ce juif encombrant ? Et la vie pour Andri va devenir de plus en plus difficile. Le menuisier ne veut pas d’Andri comme apprenti, le soldat lui cherche continuellement noise, le médecin rechigne à le soigner, l’aubergiste à le servir. Un jour un gibet est dressé au milieu de la place. Mais la population, si riche en vertus telle qu’elle le prétend, ferme les yeux. Le maître d’école voit cette vague d’antisémitisme monter et dévoile enfin la terrible vérité sur Andri : celui-ci ne serait pas juif, mais plutôt le fruit d’une affaire extra-conjugale avec une femme du pays des Casaques Noires, et l’histoire du juif sauvé d’une mort certaine n’était que prétexte à sauver sa propre morale.. Mais le mal est fait. Andri a adopté son identité de juif, même si elle n’est pas la sienne, et cette identité risquera de lui devenir fatale très rapidement.
Andorra est un drame de Max Frisch, présenté en première en novembre 1961 à Zürich. Les sujets principaux de ce classique de la littérature germanophone sont l’antisémitisme, la lâcheté et aussi l’identité de l’homme dans la société. Car c’est le manque de culpabilité, de mauvaise conscience et la lâcheté qui font agir