Art et verité élements
1 - Vérité, réalité et jugement
■Lorsque saint Thomas définit la vérité comme "adéquation de la chose et de l’esprit", il en propose une conception que paraît confirmer l’expérience quotidienne. Lorsque je dis "Il pleut", on estime que je dis vrai si, au moment où je parle, la pluie tombe effectivement : il y a donc accord entre l’expérience et le langage. ■Dans ce cas, la vérité qualifie ma proposition, ou mon jugement, et non la pluie. L’"adéquation" attendue concerne non "la chose" en elle-même, mais ce que je peux en dire. La chose n’est pas vraie ou fausse : elle est ou n’est pas,et le fait que je puisse en parler faussement ne modifie pas sa présence. Si je dis "Il ne pleut pas" au moment même où la pluie tombe, celle-ci ne s’interrompt pas, et c’est bien mon jugement qui est faux, tandis que la pluie continue à être. ■Dans la mesure où la vérité est une valeur, elle ne peut en effet appartenir aux choses, puisque celles-ci n’acquièrent de valeur qu’en raison du projet qu’une conscience forme à leur