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L’ANALYSE DE…
L’ANALYSE DE… VIVIEN LEVY-GARBOUA, PROFESSEUR ASSOCIÉ À SCIENCES PO
La déplaisante arithmétique financière des banques
A
vant la crise financière, il était impensable pour une banque cotée de viser un rendement des fonds propres (RoE, return on equity) inférieur à 15 %. Par rapport à un taux sans risque de 5 %, une prime de risque de 10 % était justifiée par un calcul faisant intervenir une sensibilité (un « beta ») aux variations de l’indice proche de 1,5 et une surperformance du secteur par rapport au marché de 6 % environ. Qu’en est-il aujourd’hui et que peut-on espérer pour demain ? Le diagnostic est le même aux Etats-Unis et en Europe :
1- Les nouvelles normes de Bâle 3 doublent, pour un même volume d’actifs, le besoin de fonds propres des banques, ce qui devrait, toutes choses égales par ailleurs, réduire de moitié le RoE. Plus difficile est d’évaluer l’impact des ratios de liquidité, de levier et autres réformes structurelles des banques : sans doute de 1 % à 2 % en moins. Le RoE a fortement diminué : aujourd’hui de 7 % à 9 % pour les plus grandes banques américaines, de 3 % à 6 % en
Europe (hormis Santander et en excluant BNP Paribas dont la situation est particulière en 2014), l’objectif affiché est de 10 %, voire, pour les plus optimistes, dans une fourchette de 10 % à 12 %.2- L’effort de réduction des coûts est général, dans un moment où les contraintes réglementaires et la généralisation des litiges imposent des surcharges, un
« cost of doing business » plus élevé
(HSBC l’évalue à 1 % du RoE).3L’ajustement réglementaire est devenu la priorité, une obsession même.
Optimiser l’usage des fonds propres, réduire la taille du bilan, s’adapter
aux ratios de liquidité constituent l’alpha et l’oméga de la grande banque en 2015.4- Le coût du capital reste très élevé (autour de 10 %) bien que les taux et l’inflation soient à des niveaux plus bas que jamais. Le beta demeure perché et la