Audit
Philippe Bernard Ingénierie Economique & Financière Université Paris-Dauphine Avril 2006
1
Risque et analyse économique
La possibilité d’épargner pour un ménage, une entreprise, de réaliser des placements
sur les marchés financiers conduit à soulever deux questions : quel est le montant d’épargne souhaité ? quelle est sa structure ? Bien que les réponses à ces deux questions ne soient pas nécessairement indépendantes l’une de l’autre, il est assez naturel de les considérer isolément dans un premier temps. La théorie du portefeuille développée à la suite des travaux pionniers de Harry Markowitz ([Mar52], [Mar59]) a pour objet de répondre à la seconde question : si l’on se donne un montant à investir sur les marchés financiers, quelle doit être la structure de cet investissement, quels sont les titres que l’on doit sélectionner et dans quelles proportions ? Pour cela, elle a mobilisé les ressources des mathématiques pour l’optimisation, de l’informatique pour la mise en oeuvre, et surtout de la théorie des choix dans l’incertain pour la formalisation économique. Pourtant l’émergence d’un outil économique capable d’analyser les problèmes liés à l’incertitude se fit avec difficulté. La théorie économique qui s’était progressivement déve` loppée du XIX eme siècle jusqu’à Value and Capital de John Hicks [Hic39], était essen-
tiellement statique et supposait une information parfaite, une absence de risque. En dépit des efforts de Bernouilli, les applications de la théorie des choix dans l’incertain à l’économie furent très rares. Parmi elles, on peut relever la théorie d’Edgeworth [Edg88] sur la couverture des dépôts bancaires. Cependant, on hésita longtemps sur la réprésentation, la mesure du risque comme en témoignent les tergiversations d’Irving Fisher, pourtant un des pères de la théorie économique de la finance par ses travaux sur l’actualisation. Dans l’appendice de The nature of capital and income [Fis06],