AUTOFICTION
2008
sous la direction de Claude Burgelin, Isabelle Grell et Roger-Yves Roche
Presses universitaires de Lyon
Perin Emel Yavuz
La mythologisation du sujet en photographie : une pratique autofictionnelle dans les arts plastiques
Le contexte artistique de la fin des années 1960 est placé sous le signe de l’ambivalence par rapport à la question du sujet entre la conception moderniste de l’artiste et, d’autre part, la réaction minimale et conceptuelle face à l’hégémonie d’une telle vision. Le récit moderniste de l’art commençait à s’essouffler. Il avait contribué à l’édification de l’artiste comme une « figure souveraine » et défini « comme médiateur ». L’artiste semblait permettre accéder, par la force universalisante de sa subjectivité et la puissance de son génie, à des « réalités autrement inaccessibles1 ». Était ainsi instaurée l’image de l’artiste comme figure héroïque et mythique.
En réaction à cette vision de l’omnipotence du sujet, la nouvelle génération d’artistes des années 1960 s’est attachée à établir une distance avec l’œuvre d’art. Les minimalistes ont accordé une plus grande importance au projet qu’à son exécution qui n’a pas le même statut que l’idée, cette
« machine qui fabrique tout » selon les mots de Sol Lewitt.
Confiant l’exécution de l’œuvre à un exécutant, l’artiste intervient ensuite dans sa mise en situation. Pour sa part, l’Art Conceptuel s’est attaché à produire des œuvres à faible composante expressive, anecdotique ou visuelle, pour mieux faire place à une réflexion sur les codes, les signes, le langage.
C’est avec une extrême concision que s’expriment ces différentes démarches. Leur programme minimum interroge
1. Jean-Marie Schaeffer, L’Art de l’âge moderne. L’esthétique et la philosophie de l’art du XVIIIe siècle à nos jours, Gallimard, 1992, p. 101.
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Autofiction(s) sans cesse, dans la répétition d’un geste rigoureusement identique, la pratique et la limite picturale. Contestation de
la