Autrui
Dans le texte d’Emmanuel Kant, extrait du §46 de la Doctrine de la vertu, Métaphysique des Mœurs partie II, l’auteur traite de l’amitié et la présente comme un Idéal de sympathie et de communication. Kant soutient d’ailleurs la thèse suivante, « l’amitié considérée dans sa perfection est l’union de deux personnes liées par un amour et un respect égaux et réciproques ».
Dès lors peut-on se demander si l’amitié peut être entendue comme une forme privilégiée de la connaissance d’autrui ?
En prenant pour objet de réflexion et comme niveau d'exigence l'amitié « considérée dans sa perfection », Kant s'inscrit apparemment dans la grande tradition aristotélicienne des morales de la vertu. La perfection est naturelle, donc toujours accessible, mais celle que conçoit Kant relève d'une Idée pure, purement pratique, mais comme telle échappant à l'expérience. L'amitié se fonde sur deux rapports d'égalité formant une proportion idéale, et pour tout dire impossible. D'une part il faut qu'au sein de l'amitié amour et respect s'équilibrent, ce qui paraît difficile étant donné leur nature contradictoire ; d'autre part il convient que ces dispositions soient également réparties et avec la même intensité chez chacun des amis, ce qui ne saurait être constant. Même si le respect purement moral, tourné vers la loi et non vers une personne, se situe au-delà du simple respect d'amitié, nous verrons que la recherche de cet équilibre ne peut que mettre en avant le caractère