Baudelaire
|Le long du vieux faubourg, où pendent aux masures |
|Les persiennes, abri des secrètes luxures, |
|Quand le soleil cruel frappe à traits redoublés |
|Sur la ville et les champs, sur les toits et les blés, |
|Je vais m'exercer seul à ma fantasque escrime, |
|Flairant dans tous les coins les hasards de la rime, |
|Trébuchant sur les mots comme sur les pavés, |
|Heurtant parfois des vers depuis longtemps rêvés. |
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|Ce père nourricier, ennemi des chloroses, |
|Eveille dans les champs les vers comme les roses ; |
|II fait s'évaporer les soucis vers le ciel, |
|Et remplit les cerveaux et les ruches le miel. |
|C'est lui qui rajeunit les porteurs de béquilles |
|Et les rend gais et doux comme des jeunes filles, |
|Et commande aux moissons de croître et de mûrir |
|Dans le cœur immortel qui toujours veut fleurir ! |
|Quand, ainsi qu'un poète, il descend dans les villes,