Bergon
Bergson, Evolution créatrice
S’il est un être qui intrigue le philosophe, c’est bien l’animal ; on serait bien tenté comme le fit Descartes de ne voir en lui qu’un être sans âme, duquel l’esprit est totalement absent, mais n’est-ce pas oublié que, comme son nom l’indique, nous avons affaire à un être animé, c’est-à-dire un être en mouvement et dont les mouvements sont imprévisibles, qu’aucun calcul ne peut déterminer à l’avance. Je puis en effet calculer la trajectoire que suivra la chute d’un corps purement matériel, une pierre ou un bloc de métal, il m’est impossible, avec la même certitude de prédire que tel animal, même le plus rudimentaire, s’orientera dans telle ou telle direction s’il se trouve dans telle ou telle condition.
Il y a donc une part de liberté chez l’animal qu’on ne rencontre pas dans la chose inanimée, une part d’indétermination qui semble être le propre de la vie et du vivant. C’est cet aspect du vivant qu’analyse ici Bergson en réfléchissant sur ce qui différencie la conscience de l’animal et la conscience humaine. Car en effet s’il ne nie pas que l’animal ait une conscience, il ne tombe pas non