Le désir et le bonheur : Schopenhauer
Monde comme volonté et comme représentation
Introduction
Si l’un de nos désirs les plus fondamentaux est celui d’être heureux, nous avons tendance à penser spontanément que le bonheur réside dans la satisfaction du plus grand nombre de nos désirs, sinon de tous. Pourtant cela ne nous conduit-il pas à vouloir satisfaire sans cesse de nouveaux désirs et à éloigner par là toute perspective de bonheur ? Tel est le problème que Schopenhauer envisage dans cet extrait du Monde comme volonté et comme représentation. N’est-ce pas en effet le désir en tant que tel qui est finalement l’obstacle le plus essentiel au bonheur ? C’est ce que Schopenhauer tente de démontrer ici ; cela implique donc que le bonheur ne peut être atteint que par la mort du désir, qu’en cessant de désirer. Mais cela va-t-il de soi ? Faut-il condamner tout désir absolument comme le préconise l’auteur ou bien distinguer seulement ceux qui sont compatibles avec le bonheur de ceux qui s’y opposent ? N’y a-t-il rien de bénéfique dans le fait de désirer ? Nous examinerons ces questions après avoir expliqué dans un premier temps les idées du texte.
Explication
On peut distinguer deux grandes parties dans l’argumentation proposée : dans la première, (de « tout vouloir » jusqu’à « jusqu’à demain ») l’auteur procède à l’analyse de l’expérience du désir et démontre le caractère insatiable et inassouvissable du désir. C’est sur cette analyse que repose la thèse qui est présentée, développée et illustrée dans la deuxième partie de l’extrait (de « Tant que notre conscience » jusqu’à « Tantale éternellement altéré »). Schopenhauer commence par poser une équivalence entre vouloir, besoin, privation, souffrance. Vouloir dans le texte est entièrement synonyme de désirer. Qu’est-ce que désirer ? C’est manquer de quelque chose, éprouver le besoin de sa présence, tendre vers cette chose qui nous fait défaut. Immédiatement cette expérience du manque qui sert