Bougainville ''voyage autour du monde''
Auteur d’une relation de voyage, Bougainville en respecte les paramètres établis avant lui depuis maintenant plusieurs siècles. Les topoï de ce genre se retrouvent donc tous ici.
1 Un regard extérieur porté sur l’île
Le voyageur se met d’abord en scène : « J’ai plusieurs fois été », « Je fis présent», « j’eus la visite ». Au début de chaque paragraphe, la présence du je locuteur permet d’assurer le relais entre le lecteur et le monde visité : Bougainville est le média qui permet à son lecteur, européen, d’entrer en contact avec ce monde lointain.
Deux thèmes vont alimenter ce contact. Le regard d’abord, mentionné dans le premier paragraphe : « nous voyions », « les apparences » ; il est prolongé par l’avis formulé ensuite : « ce peuple nous a paru aimer l’agriculture », et par le portrait de Toutaa. L’évocation de Tahiti, dans le tableau initial, a d’ailleurs une forte dimension visuelle.
Le second thème est celui de la rencontre, mise en scène au troisième paragraphe et soulignée comme un moment important par différentes expressions : « j’eus la visite », « lui rendre visite », « recevoir les visites ». Cette mise en scène est construite en écho à la rencontre première (cf. lecture complémentaire n° 1 ci-dessous).
Bougainville, à travers ces deux thèmes, se pose en un observateur qui transmet des informations sur des « choses vues » en vue d’un « devisement » (entretien) avec ses lecteurs.
2 Un témoignage qui se veut impartial
L’authenticité de ce récit est assurée par sa valeur de témoignage : la prudence de l’énonciation met en évidence cette dimension. Ainsi, nous pouvons repérer différents modalisateurs : « je me croyais », « nous avons lieu de croire », « je crois ». Les nuances introduites par Bougainville dans son discours manifestent le respect de l’altérité : la curiosité éprouvée à l’égard du monde rencontré n’exclut pas d’en apercevoir les différences ; l’incertitude